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L'Art d'imag(in)er nos rêves...
Pourquoi l’Art Visionnaire ?




       Si nous faisons le récapitulatif des grandes écoles qui peuplent actuellement le paysage pictural, nous verrons trois grands mouvements: Ecole Classique, héritage de la Renaissance. Ecole Impressionniste, inscrite dans l'histoire du XIXè Siècle. Et Ecole Moderne/Contemporaine, fille de la société technocratique émergente. Que l'on soit peintre, illustrateur, grapheur, plasticien, ou dessinateur, nous entrons sans même y faire attention, dans ces trois catégories.

       Cette vision réductrice amène quelques stéréotypes qu'il est intéressant d'étudier comme à l’aide d’un miroir grossissant. Le Classique s'illustre par son caractère studieux et son respect de la juste proportion. L'Impressionniste est un rêveur fougueux, mélancolique. Enfin, le Contemporain est celui qui abandonne les règles proprement esthétiques au profit des vertus intellectuelles, jusqu'à parfois l'abstraction pure.
       Mon objectif est de pointer vers l'Art Visionnaire qui, d’une certaine manière, fait la synthèse de ces trois Grandes Ecoles, tout en traçant sa propre voie. Car concrètement cet artiste dont je parle puise l'inspiration dans ses rêveries colorées, dans sa mélancolique grâce, sa démarche est teintée d'Impressionnisme Romantique. Il met alors son imaginaire en marche dans la construction d'un monde abstrait et impossible, se déstructure de l’Espace-Temps jusqu'au chaos, c'est là qu'il épouse les théories Contemporaines. Enfin, il mettra en œuvre tous les outils de l'Ecole Classique (proportions, glacis, etc…) afin que la représentation de sa vision devienne tangible, jusqu'à l'hyperréalisme, et c'est enfin cette lumière, picturale et spirituelle qui crée à proprement parler l'Oeuvre Visionnaire. Voilà globalement les principes éthiques d'une telle école.
       Bien entendu, quelques grands mouvements ont déjà balisé hors des sentiers battus : Symbolistes et Surréalistes, Réalistes Fantastiques, Psychédéliques… Les uns et les autres ayant puisé dans la psychanalyse, l’introspection par le rêve, la spéculation scientifique, l’usage de drogues enthéogènes ou la méditation. L'Art Visionnaire, à son tour, représente l'invisible, la réalité sous-jacente de l'objet et de l'esprit en le débarrassant de ses attaches sociales ou historiques grâce à une observation attentive de l’imaginaire et d’un agrandissement progressif de la conscience individuelle et globale.


       Je ne suis pas venu délibérément à l'Art Visionnaire, c'est lui qui est venu à moi. Mon père, Joseph Caniglia, ce peintre fantastique, a mis sous mes yeux les oeuvres de Di Maccio et de Giger très tôt, mais également l'oeuvre de Léonard et de Michel-Ange. Puis Frazetta et Druillet (comme j'ai pu rêver devant les pages d'Yragaël!!!) Mais ma voie, c'est à travers la littérature que je devais la trouver. Baudelaire et Rimbaud, Lovecraft et Edgar Poe, John Milton et William Blake furent mes modèles. Ce sont eux qui m'apprirent à écrire. Et tous ces artistes, peintres, poètes, mais également musiciens, -car j'ai très jeune épousé la folie de Jim Morrison- ont en commun La Vision, furtive et élégante de la comète, le flamboiement, l’amour du bizarre, et l’état de grâce.
       Mais en citant ces références comme en montrant mon propre travail, j’ai vite remarqué qu'ils provoquaient une certaine frilosité. Parce que les Visionnaires demeurent encore assez méconnus. En ce qui me concerne, j’aimerais voir moins d’Arts Plastiques ou de peinture naïve, voire abstraite dans les Galeries, Musées ou Instituts (dont ces derniers nous ont gavés durant l’intégralité du XXè Siècle), afin que les orfèvres de ce métier y retrouvent leur place. Le peintre visionnaire a la capacité de figurer des choses qui ne seront possibles que dans 3000 ans, avec des outils d’il y a 500 ans. J’aimerais que toute la profession le comprenne. Que ceci est un exploit, technique, intellectuel et spirituel. Et que l’Art n’évoluera pas tant qu’on n’accordera un minimum de crédit à cette démarche, dirigée vers l’avenir.

       On dit souvent que l’art est un vestige que nous léguons aux générations futures. Et là encore, j’aimerais que nous renvoyions l’image d’une grande civilisation, capable de rêver, de parler toutes les langues, car c’est également à eux que nous nous adressons, à ces hommes et ces femmes de demain. Nous devons nous faire voyants, afin qu’ils se reconnaissent dans nos ouvrages. L’Evolution n’est pas le seul fait de notre technologie, elle doit également rendre compte de notre audace.
Audace, Savoir-faire et Imagination. Telles sont les valeurs que j’essaye de promouvoir à travers mes ateliers. Essayer de fédérer les artistes autour d’une approche commune, lancer une torche dans l’obscurité, afin que cet Art devienne majeur.

Ainsi, il trouvera la voie qu’il mérite et sera reconnu en tant qu’Ecole à part entière. Une Académie du Rêve.
                                                                                          
                                                                                                                                                                      D.Caniglia

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